Kyiv n’a pas du tout apprécié la leçon. En voulant faire preuve d’impartialité, Amnesty International a conduit à l’isolement des dirigeants ukrainiens ainsi que d’une grande partie de la société civile dans le pays déchiré par la guerre pendant cinq mois. Dans un rapport publié jeudi 4 août, l’ONG affirme que les forces armées ukrainiennes mettent en danger la population civile.
Amnesty International cite au moins dix-neuf exemples où les forces armées ukrainiennes ont établi des bases et déployé des armes dans des zones résidentielles. En conséquence, les civils deviennent les victimes accidentelles des bombardements d’artillerie auxquels la Russie soumet tout le front dans sa guerre de conquête. Depuis sa publication, le rapport est devenu l’un des sujets les plus discutés en Ukraine, démontrant la difficulté pour une ONG, parmi les plus influentes sur la scène internationale, de mener des enquêtes impartiales dans un contexte de guerre acharnée, où les histoires s’affrontent.
Très énervé, le président Volodymyr Zelensky a vertement critiqué dans son allocution vidéo quotidienne, dès jeudi soir, un “Une tentative d’amnistie à un Etat terroriste” des lieux “Victime et agresseur d’une certaine manière sont égaux”. Il a souligné que les frappes russes ont détruit près de 200 églises et lieux de culte, 2 200 établissements d’enseignement et 900 hôpitaux et cliniques.
La vice-ministre ukrainienne de la Défense, Hanna Maliar, a souligné à quel point l’ONG a ignoré les faits tactiques : “L’armée ukrainienne fortifie et défend les villes et les villages. Si l’ennemi russe attend sur le champ de bataille, comme certains nous le conseillent, les Russes occuperont toutes nos maisons.” La grande supériorité russe en puissance de feu et en artillerie ne laisse d’autre choix à la défense ukrainienne que d’utiliser les bâtiments comme protection. Les villes sont encore très difficiles pour les envahisseurs, bien qu’ils soient prêts à les détruire, comme l’armée russe l’a déjà montré à Marioupol et dans des dizaines d’autres villes ukrainiennes.
Vendredi 5 août, après avoir déjà pris ses distances avec le document, la directrice d’Amnesty International Ukraine, Oksana Pokalchuk, a annoncé sa démission sur sa page Facebook, critiquant le fait que l’ONG ne souhaitait pas associer l’équipe ukrainienne à une enquête. “Tout s’est brisé sur le mur de la bureaucratie et la barrière de la langue pour les sourds, elle écrit. Il ne s’agit pas de la langue anglaise, il s’agit du fait que si vous ne vivez pas dans un pays contrôlé par des envahisseurs qui le déchirent, vous ne comprenez probablement pas ce que c’est que de condamner une armée de défenseurs. »
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